Découvrir anuradhapura sri lanka : un voyage à travers les cités anciennes et la nature

Découvrir anuradhapura sri lanka : un voyage à travers les cités anciennes et la nature

Un voyage dans le temps et la jungle : bienvenue à Anuradhapura

Anuradhapura, c’est un nom qui résonne comme une incantation. Située au nord du Sri Lanka, cette cité ancienne m’a offert l’une des expériences les plus marquantes de mon périple sur l’île. À la croisée de l’histoire, de la culture bouddhiste et de la nature luxuriante, elle incarne parfaitement ce que j’aime partager sur Cap au Vert : une immersion profonde, sur le terrain, loin des circuits superficiels. Anuradhapura ne se visite pas, elle se vit. Et je vais vous expliquer pourquoi elle mérite toute votre attention.

Un site millénaire encore bien vivant

Capitale religieuse du Sri Lanka pendant plus d’un millénaire, Anuradhapura est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais bien au-delà de son titre, ce qui surprend, c’est l’énergie toujours palpable de ce lieu. On n’est pas dans un musée : les temples accueillent encore des centaines de fidèles chaque jour, vêtus de blanc, venus prier, méditer ou simplement se recueillir. C’est une ville sacrée habitée, fréquentée, respectée.

Parmi les temples incontournables :

  • Le Bodhi Tree : Figuier sacré millénaire, issu de la bouture de l’arbre sous lequel Bouddha aurait atteint l’illumination. C’est probablement l’arbre le plus ancien jamais planté et entretenu par l’homme.
  • Ruwanwelisaya : Enorme dagoba blanche, restaurée au XXe siècle, elle capte immédiatement le regard. Elle dégage une forme de puissance paisible, qui donne envie de s’y attarder longuement.
  • Jetavanaramaya : L’un des plus grands monuments en briques du monde, impressionnant par sa pureté géométrique dans un environnement végétal presque anarchique.

Ce qui m’a frappé dès les premiers pas, c’est le silence. Pas le silence vide, mais celui plein d’intentions calmes, d’encens fumants et de frémissements de feuilles. Même avec du monde, l’ambiance est apaisante. Pour tout dire, mon carnet de notes est resté fermé plus longtemps que prévu : j’écoutais mieux avec les yeux.

Des pratiques spirituelles liées à l’environnement

À Anuradhapura, le sacré et l’écologie cohabitent. Ce n’est pas une coquetterie moderne, mais une réalité organique. La conservation de l’eau, par exemple, remonte à plus de 1500 ans. Les anciens rois cinghalais ont creusé d’immenses réservoirs capables de nourrir les rizières même en saison sèche. Ces systèmes d’irrigation – toujours actifs – ont été conçus avec une intelligence environnementale remarquable.

Ce que j’ai aimé ici, c’est qu’on ne sépare jamais l’humain de son biotope. La forêt, l’eau, les animaux – tout est intégré dans la spiritualité bouddhiste locale. Un moine croisé sur un sentier m’a dit ceci, avec un sourire tranquille : « Il n’y a pas de méditation possible si la rivière est polluée. » Ça résume bien l’état d’esprit du lieu.

Des modes de vie simples et résilients

La ville moderne d’Anuradhapura s’étend autour du site historique, et il vaut la peine de s’y attarder un peu. En tant qu’ancien coordinateur de projets en écotourisme, je cherche toujours à comprendre comment les habitants s’approprient les héritages culturels tout en vivant dans le présent.

J’ai rencontré plusieurs personnes engagées dans des formes de vie sobres et résilientes : fermes en biodynamie, ateliers d’artisans qui travaillent la fibre de coco ou les tissus traditionnels en coton sans recours aux traitements chimiques industriels. En visitant une ferme-école en périphérie de la ville, j’ai pu découvrir des techniques de permaculture tropicale particulièrement efficaces, adaptées aux nombreuses variations climatiques de la région.

Si vous êtes curieux, je vous recommande de visiter l’Institut Sarvodaya, qui forme les jeunes aux métiers liés au développement durable, tout en respectant l’héritage spirituel local.

Explorer les alentours à vélo ou en tuk-tuk

Pour parcourir les vastes étendues du site archéologique, j’ai d’abord tenté l’option à pied — ambitieuse et vite épuisante sous 34°C. Je vous conseille plutôt :

  • Le vélo : louable facilement sur place. C’est l’option la plus efficace pour circuler entre les temples, tout en profitant du paysage et du calme. Prévoyez de l’eau et un chapeau, les distances sont plus importantes qu’on ne le pense.
  • Le tuk-tuk : moyen de transport typique du Sri Lanka. Pratique si vous êtes en groupe ou voulez profiter agréablement sans trop transpirer. Essayez de privilégier les tuk-tuks électriques (disponibles depuis peu via certaines agences locales). Leur usage se développe dans une logique de réduction d’impact carbone.

Pour ma part, c’est en vélo que j’ai préféré explorer. Cela m’a permis de m’arrêter spontanément devant des scènes du quotidien : cueilleurs de lotus le long des canaux, femmes lavant des vêtements dans des bassins antiques, enfants jouant à cache-cache autour des statues de Bouddha. Autant de moments fugaces qui donnent toute sa texture à un voyage.

Quand partir, où dormir, quoi manger ?

Saison idéale : Anuradhapura se visite surtout entre juin et septembre, quand le climat est plus sec dans cette région. En dehors, les pluies peuvent être fréquentes et certaines zones deviennent difficilement praticables.

Se loger : J’ai testé une écolodge familiale en périphérie de la ville, Green House Resort, qui m’a convaincu par sa gestion de l’eau de pluie, ses constructions en matériaux locaux et sa cuisine végétarienne maison. Le matin, on entend les paons. Le soir, on éclaire à la lanterne sous le manguier. Simple et authentique.

Côté assiette : Ne manquez pas le rice and curry local – plus doux qu’au sud de l’île – souvent accompagné de pappadam et de préparations à base de jakfruit. Pour les amateurs de plats végé, le temple de Isurumuniya a un petit restaurant communautaire où l’on mange pour quelques roupies, dans une logique de donation libre. Une très belle expérience humaine.

Un autre regard sur le tourisme

Venir à Anuradhapura, ce n’est pas collectionner des photos ou cocher des cases sur une liste de merveilles à voir. C’est surtout l’opportunité de repenser notre manière de voyager : plus lentement, en lien avec ce qui nous entoure, en se laissant bousculer dans nos repères.

J’y ai appris que les ruines pouvaient être vivantes. Que la spiritualité pouvait se vivre au creux d’un jardin ou d’un canal d’irrigation ancien. Que l’écologie n’était pas une invention moderne, mais une manière d’habiter le monde – présente ici depuis des siècles, discrète mais solide.

Alors, est-ce que ce voyage vaut le détour ? Très franchement : oui. Mais pas pour les selfies.