Cap au vert

Randonner dans le parc naturel régional de l’avesnois : un joyau de biodiversité dans les Hauts-de-France

Randonner dans le parc naturel régional de l'avesnois : un joyau de biodiversité dans les Hauts-de-France

Randonner dans le parc naturel régional de l'avesnois : un joyau de biodiversité dans les Hauts-de-France

Un parc méconnu aux portes de la Belgique

Situé dans le sud-est du département du Nord, à la frontière franco-belge, le Parc naturel régional de l’Avesnois est une terre de bocage, d’étangs, de prairies humides et de forêts profondes. Ici, les vaches pâturent entre les haies, les pommiers s’inclinent au bord des chemins, et les rivières serpentent librement dans un relief accidenté – plutôt rare pour les Hauts-de-France.

J’y ai passé trois jours début mai, sac sur le dos et chaussures aux pieds, à arpenter sentiers marqués, chemins de traverse et petites routes de campagne. Ce territoire rural, encore (trop) souvent boudé par les guides de randonnée classiques, regorge pourtant de richesses naturelles et de surprises humaines.

Un terrain de jeu pour randonneurs discrets

Le réseau de sentiers du parc est dense. On y trouve aussi bien de grands itinéraires balisés que des circuits locaux bien entretenus. Parmi les plus marquants, citons :

J’ai personnellement suivi un tronçon du GRP sur deux jours. Le balisage est fiable, les hébergements écoresponsables commencent à se structurer, et surtout : on y marche tranquille. Pas de cohue, pas de file indienne sur les sentiers. Une impression de solitude douce, apaisante, presque méditative.

Une mosaïque de paysages vivants

Ce qui frappe le plus dans l’Avesnois, c’est la variété. En une heure, on passe d’une prairie humide peuplée de hérons à un vallon couvert de hêtres, puis à une crête dégagée avec vue sur les champs. Le bocage est omniprésent : un enchevêtrement ancien de haies vives qui abrite une biodiversité insoupçonnée.

Pour qui s’intéresse à l’écologie fonctionnelle, le rôle de ces haies est fascinant : corridors pour les petits mammifères, régulateurs thermiques, barrières naturelles contre l’érosion… Ce sont des superstructures vivantes. Et dans l’Avesnois, elles sont encore très présentes, ce qui est rare en France aujourd’hui. Le parc œuvre activement à leur préservation via des partenariats avec les agriculteurs et les communes.

Des rencontres au détour du chemin

Ce genre de randonnée, lente et sans prétention sportive, ouvre souvent la porte aux échanges. Le paysan qui coupe ses pommes à cidre avant l’orage. Le sculpteur de pierre bleue dans une ancienne étable. La gestionnaire de gîte qui m’offre une infusion de menthe locale « pour la route ».

Un moment marquant : la visite impromptue d’une ferme pédagogique bio près de Semousies. J’y ai rencontré Julie, ancienne puéricultrice reconvertie dans l’agroécologie et passionnée par la transmission aux plus jeunes. Elle m’a parlé, modestement, de ses expérimentations en agroforesterie, du retour des vers de terre dans son sol, de ses poules « qui picorent du sain ». Rien de spectaculaire, mais tout est là : un engagement de fond, ancré dans la terre et le quotidien.

Une biodiversité exceptionnelle… encore préservée

Le parc abrite plus de 200 espèces d’oiseaux, dont le tarier des prés, la chouette chevêche ou le pic mar. En mai, la symphonie commence bien avant l’aube. Ajoutons à cela plusieurs espèces de chauves-souris rares, des zones humides riches en amphibiens, et des insectes pollinisateurs en pagaille. C’est un véritable havre, à condition qu’on fasse preuve de discrétion et de respect.

Une bonne paire de jumelles m’a permis d’observer discrètement un couple de busards Saint-Martin en vol nuptial au-dessus des prairies du ValJoly. Inoubliable.

À noter : certaines zones sont sensibles et font l’objet de restrictions de passage temporaires (notamment pour protéger les sites de nidification ou de reproduction d’amphibiens). Pensez à consulter les cartes actualisées sur le site du parc avant de tracer votre itinéraire.

Se loger, manger, se ravitailler… durablement

La dynamique touristique du parc reste modeste, mais des initiatives émergent. J’ai ainsi dormi dans un gîte situé dans une ancienne école communale rénovée avec de l’isolation biosourcée et chauffée au bois local. Petit-déjeuner à base de produits du terroir : pain au levain, fromage de Maroilles affiné sur place, jus de pommes pressé la veille – difficile de faire plus local.

Pour les ravitaillements, préférez les marchés de village (Avesnes-sur-Helpe le vendredi matin, notamment). De nombreux producteurs bio y vendent leurs fromages, pains, confitures ou légumes. Ne manquez pas la tomme de l’Avesnois ou les pommes de garde anciennes, variétés très rustiques adaptées au climat des Hauts-de-France.

Le patrimoine, discret mais présent

Entre deux haies, le patrimoine bâti se laisse découvrir : fermes en briques rouges, moulins à eau, églises gothiques en pierre bleue, calvaires et lavoirs. Rien de tape-à-l’œil, mais un ensemble cohérent, enraciné dans le paysage. Le bourg de Maroilles, avec son abbaye et son patrimoine gastronomique, vaut un détour prolongé. J’y ai dégusté une flamiche locale, riche mais parfaitement équilibrée quand elle est bien faite. Avis aux gourmands : à consommer après une bonne journée de marche.

Pourquoi aller randonner dans l’Avesnois ?

Ce n’est ni le Mercantour, ni les Dolomites : pas de sommets, pas de parois vertigineuses. Et pourtant, tout marche. Les paysages sont vivants, les gens sincères, la biodiversité éclatante et les infrastructures (encore) à taille humaine. Pour celles et ceux qui cherchent une randonnée silencieuse, respectueuse, ancrée dans une écologie paysanne et réaliste, l’Avesnois est une perle rare.

Besoin de se ressourcer autrement ? De retrouver un lien cohérent entre la nature, le travail des hommes et les modes de vie durables ? L’Avesnois peut être une réponse concrète – à condition d’y aller les yeux ouverts, les sens en alerte, et le cœur disponible.

Infos pratiques

Et vous, quand avez-vous marché pour la dernière fois sans croiser âme qui vive pendant deux heures ? L’Avesnois vous attend – sans chichi, mais avec une générosité rare.

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